Etablissement de soins vétérinaires du Pennant Bleu
Vaccination animale : principes généraux
Les limites de cet article
Cette page n’a pas de prétention sauf celle de sensibiliser mes clients à la vaccination des animaux domestiques. Les arguments exposés n’engagent bien évidement que moi, Dr Vétérinaire Philippe Hortet, auteur de cet article.
 
Tout en respectant sincèrement les personnes qui font le choix de ne pas utiliser la vaccination, je défends de mon côté résolument l’intérêt à titre collectif et individuel de vacciner largement une population donnée contre de nombreuses maladies de nos animaux.
 
Cette page n’a pas non plus de prétention scientifique ou technique - mes compétences en épidémiologie, immunologie, médecine des animaux (…) ne sont que celles d’un professionnel de terrain, avec quelques années d’expérience et une formation initiale solide. Je reste un praticien vétérinaire généraliste toutes espèces. J’approfondis tel ou tel sujet au gré des lectures ou des questions/réponses à apporter à la patientèle.
Comment les vaccins deviennent-ils disponibles sur le terrain ?
Comme tout médicament vétérinaire, un vaccin avant d’être mis sur le marché, fait l’objet de nombreuses études scientifiques poussées qui visent à démontrer principalement son efficacité, son innocuité et à définir son mode d’utilisation (protocole vaccinal incluant les animaux cibles, les contre-indications…).
 
Au terme de ces études, les autorités sanitaires, indépendantes, délivrent une autorisation de mise sur le marché – AMM (valable selon les cas à l’échelle nationale, européenne ou même mondiale). J’ai pris le parti de faire une confiance totale en ces études et en ces autorités sanitaires et donc de conseiller et prescrire les vaccins et médicaments autorisés.
 
Cette position de principe n’empêche pas d’avoir un regard critique sur différents points et de surveiller les publications de pharmacovigilance qui peuvent remettre en cause un avis favorable initial.
 
Il ne faut pas confondre non plus les études scientifiques sérieuses et poussées (dossiers d’AMM et publications scientifiques) avec des présentations commerciales qui parfois peuvent mettre en évidence des qualités moins bien démontrées !

Des vaccins contre des maladies très diverses !
Les maladies virales sont les premières cibles des vaccins. Les vaccins sont de leur côté la meilleure arme collective pour lutter contre ces maladies pour lesquelles il n’existe souvent pas de médicament spécifique efficace. Tous ces vaccins sont donc utilisés d’abord en prévention. Leur rôle est de développer l’immunité des animaux afin de mieux se défendre par leurs capacités biologiques naturelles.
 
D’autres vecteurs tels des bactéries ou des parasites font l’objet de vaccins.
 
Sans être exhaustif, la plupart des espèces animales domestiques disposent de nombreux vaccins utilisés couramment.

A titre d’exemples, les principaux dans notre région,
  • Le chien : Maladie de Carré, Hépatite de Rubarth, Parvovirose, Leptospirose, Toux du chenil, Piroplasmose, Maladie de Lyme, Rage…
  • Le chat : Typhus, Coryza, Leucose, Rage…
  • Le cheval : Grippe, Tétanos, Rhinopneumonie, Rage…
  • Les bovins : Grippe, BVD Maladie des muqueuses, FCO…
  • Les Ovins/caprins : Entérotoxémie, FCO - Fièvre Catharrale Ovine…
  • Les Lapins : Entérotoxémie, Maladie Hémorragique, Myxomatose…
Certaines maladies ne sont protégées par vaccination en routine que dans certaines espèces (ex : Tétanos chez le cheval principalement…).

Certains vaccins ne sont utilisés que par voie réglementaire (ex : Fièvre Q, Paratuberculose…).

Certains vaccins ne sont plus utilisés au quotidien - mais pourraient faire l’objet de nouvelles campagnes de vaccination en cas de besoin (ex : Fièvre aphteuse…).
 
Certains vaccins ne sont pas disponibles partout et en particulier en France (ex : FIV du chat…).
Pourquoi vacciner : bénéfice / risque biologique ?
La vaccination d’un animal particulier est toujours raisonnée sur deux niveaux : la protection individuelle de l’animal en question et la protection de la population animale dans laquelle il évolue.
 
Il est admis que la vaccination d’un grand nombre de sujet dans une population permet de contrôler le développement d’une maladie, voire de l’éradiquer. Ce grand nombre est de l’ordre de 80% des individus mais est bien entendu différent pour chaque maladie, selon son mode de transmission, ses caractéristiques épidémiologiques.

Ainsi, ne pas vacciner un animal donné et constater qu’il n’est "jamais" malade n’est pas un argument sérieux contre la vaccination.
 
A titre individuel, il faut prendre en compte des risques ou des fragilités déjà décrits dans la littérature ou simplement constatés sur l’animal. Des organismes fragiles ou malades ponctuellement ne seront pas vaccinés. Des allergies ou réactions similaires lors de vaccination antérieures conduisent souvent à arrêter le protocole ou à changer de produit utilisé.
 
C’est donc le bénéfice – risque de la vaccination qui est évalué par le praticien et qui conduit à la vaccination adaptée à votre animal.
Pourquoi vacciner : bénéfice / risque technique et économique ?
La notion de bénéfice économique est évidente pour nous vétérinaires principalement dans les espèces de rente. L’objet d’une vaccination collective à l’échelle de l’élevage est bien entendu de limiter l’expression clinique de la maladie et donc son coût (soins et pertes de production). L’efficacité du vaccin est importante. La démonstration de la présence de la maladie par les tests de laboratoire est déterminante aussi.
 
A une échelle plus grande, nationale ou européenne par exemple, la surveillance sanitaire est importante pour consolider le statut indemne collectif et maintenir les possibilités d’exportation de nos produits d’élevage. Selon chaque maladie, les décisions des autorités sanitaires sont adaptées. Elles peuvent aller vers la vaccination de masse des animaux (par exemple, la FCO en 2008-2009 ou à l’hiver 2015-2016) ou vers l’élimination de nombreux individus (par exemple, la vache folle ou BSE dans les années 2000 ; le virus de la grippe aviaire en hiver 2015-2016 dans le sud-ouest).
 
Ces décisions sanitaires drastiques paraissent sur le terrain souvent sévères, abruptes, contraignantes, coûteuses… Mais elles s’expliquent par l’évaluation bénéfice / risque de chaque situation réalisée par les experts du sujet.
Conserver une bonne couverture vaccinale
Dans une population donnée, protégée par la vaccination, il est primordial d’entretenir la couverture immunitaire par les rappels vaccinaux en respectant le protocole de vaccination. Pour les animaux de loisir, des protocoles adaptés à l’utilisation ou au mode de vie des animaux peuvent parfois exister (pré, promenade, rassemblement, compétition...).
 
La déviance par rapport au protocole vaccinal (retard pour la réalisation du rappel) est assez peu documentée en terme biologique. La réalité de la protection de l’animal est donc difficile à établir et correspond à une décision individuelle du vétérinaire traitant. Il faut noter que dans un certain nombre de situations, des règlements (par exemple, règlement des courses de chevaux) imposent le respect d’un protocole vaccination au jour près, sans retard possible.
 
Enfin, nous connaissons notamment pour les animaux de rente des succès collectifs de vaccination, contre la maladie, qui conduisent à suspendre les protocoles vaccinaux tout en restant très vigilants. L'exemple de la fièvre aphteuse des bovins en France en est un : après une trentaine d’années de vaccination annuelle de tous les bovins de plus de 4 mois (1962-1990), la maladie est considérée comme éradiquée ou bien contrôlée. Depuis l’arrêt de la vaccination, les cas sont restés sporadiques et ne se sont pas étendus.